Anne-Claire Gadenne
Architecte de formation, je me suis rapidement engagée dans l’écologie urbaine en région parisienne. Même et surtout en milieu urbain, il m’est apparu que le lien avec la nature était
essentiel, dans sa dimension environnementale comme dans son pouvoir poétique.
J’ai quitté l’écologie urbaine en 2008 pour suivre exclusivement les chemins buissonniers de la création artistique. Comprenant que j’avais besoin d’un challenge technique et d’un travail en milieu collectif, j’ai décidé de découvrir une nouvelle discipline et je suis entrée à l’atelier de gravure dirigé par Christiane Vielle, aux Ateliers d’art de Viroflay.
Ce fut une révélation : pas de doute, j’étais faite pour la gravure !
Je me suis d’abord consacrée à l’aquatinte, séduite par l’infinie gamme de nuances de valeurs que l’aquatinte permet. L’exploration des autres techniques de taille douce ainsi que de la gravure en relief est venue ensuite, dans la jubilation.
J’ai pu exposer mes estampes dès 2010 dans divers lieux à travers la France, dont quelques
expositions personnelles (châteaux de Villeconin, Prézeaux et Tours, notamment) ; je privilégie cependant les expositions collectives avec les associations Graver Maintenant et Le Trait-Graveurs d’aujourd’hui, pour leur qualité et l’originalité des thèmes proposés.
Enseignante en gravure à l’Académie d’Art de Meudon et des Hauts-de-Seine pendant 4 ans, j’ai beaucoup apprécié pouvoir transmettre mon savoir-faire et accompagner les
étudiants dans leur chemin de créativité.
En 2020, j’ai souhaité étendre ma sensibilité artistique à travers la découverte de l’art-thérapie au Centre de Formation à l’Art-Thérapie Les Pinceaux (ATEPP-CEFAT) où je suis formatrice en gravure depuis 2022.
Je vis maintenant essentiellement en Bourgogne où j’ai mon atelier.
Ma démarche artistique
La gravure m’ouvre les portes d’un univers fait d’ombre et de lumière, de tension et de respiration.
Dès l’origine, la nature s’est invitée au cœur de mon travail, de manière d’abord assez figurative, puis s’émancipant progressivement de la représentation pour aller vers de simples évocations.
Je me suis ensuite attachée à explorer tout particulièrement le potentiel ludique propre à l’art du multiple qu’est la gravure, en jouant avec différentes matrices, en les imprimant ensemble sur une même estampe, en en proposant plusieurs combinaisons.
Parallèlement, il m’arrive de graver des signes abstraits, images pour moi de l’énergie vitale contenue dans la nature, intériorisée et singularisée dans une démarche introspective.
J’ai exploré l’impression sur tissus à l’occasion de l’exposition au château de Tours (2017/2018), tantôt pour les effets de matière et textures et de motifs, tantôt pour leur pouvoir de transparence. Cette mixité dans les supports d’impression continue de m’intéresser ; il m’arrive quelquefois de coudre des estampes ou fragments d’estampe sur des supports textiles que j’ai imprimés au préalable à partir de mes matrices gravées.
La figure humaine est apparue sous forme de scénettes de rue, gravées en pointe sèche, ainsi que de portraits, au carborundum, exposés au sein d’installations mettant également en jeu des matériaux plastiques différents, fil de fer rouillé, ficelles et fils de laine, tissus, tarlatane, etc.
Depuis quelques années, je suis « entrée en décroissance » : je recherche une économie de moyens (matrices en matériaux de récupération, carton, linoléum, écorces, etc.) au service d’une créativité plus organique, dans l’espace et le temps : certains projets sont regravés ou découpés dans de nouveaux formats et combinés entre eux… Ainsi les matrices que je grave ont plusieurs vies, je les combine entre elles avec gourmandise, je leur donne une nouvelle chance, à chaque projet, de se frotter à d’autres matrices, de créer une nouvelle tension plastique, de se situer sur le fil du temps de ma démarche artistique.