Michèle Atman
Longtemps la pratique de l’eau-forte m’a passionnée : malgré l’exigence de cette technique et qui sait, peut-être grâce à cette exigence même, j’y ai trouvé un certain espace de méditation. Puis les aléas de l’existence m’ont fait ressentir le besoin d’une échappée belle et le carton gravé a surgi à point nommé.
Il s’est révélé être un médium d’exploration et de libertés, riche de possibles inattendus. Entendons-nous cela n’exclut nullement les difficultés techniques et les chausse-trapes et en cela il s’inscrit bien dans le registre des techniques d’estampe. Mais il est doté d’une forme de souplesse, et offre un large éventail de possibilités dans des registres variés. En quelque sorte le matériau et la façon de le mettre en jeu s’invite dans le processus créatif en proposant des bifurcations inattendues. C’est évidemment une richesse, une sollicitation de l’imagination… mais on peut y perdre en chemin l’idée imaginative de départ. Mais après tout, peut-être est-ce pour le mieux ?
Je pense être à la recherche, dans mon travail, d’un certain équilibre entre le vouloir et le « laisser advenir » et le recours au carton gravé me semble favoriser cette approche.
Après des études littéraires à l’Université Paris-Sorbonne elle travaille plusieurs années dans le domaine des échanges culturels et artistiques au sein de l’Office Franco-Québécois pour la Jeunesse à Paris. C’est au cours d’un voyage au Québec, fertile en rencontres décisives, qu’elle décide de reprendre des études, artistiques cette fois. Et ce sera à l’Ecole des Beaux-Arts de l’Université du Manitoba à Winnipeg. L’initiation à l’estampe la passionne immédiatement et, de retour à Paris, elle en approfondira certaines techniques dans divers ateliers dont ceux de J. Delpech et R. Laforcade. En parallèle la pratique de l’aquarelle, source d’effusion directe des couleurs, constituera un heureux contrepoids à la lente élaboration, parfois très frustrante, de la gravure.
Membre sociétaire de la JGC-Gravure contemporaine depuis 1992 (et son actuelle présidente) elle est également membre de Graver Maintenant depuis 2010 et a rejoint dès sa création le collectif Carton Extrême Carton.
L’appartenance à différents groupes d’artistes lui paraît être un facteur essentiel pour l’évolution de la personne elle-même et de sa dimension créatrice.