Éric Fourmestraux
Depuis toujours, je garde tout, ou presque.
Je récupère, déterre, accumule, amoncelle toutes sortes d’objets qui font partie intégrante de ma vie. Trouvailles mises au rebut ou fragments de la nature, ils jalonnent mon histoire sans être classés ni répertoriés.
Ces « trésors », que je m’accapare avec amour, attendent parfois des années avant de resurgir de ma mémoire, pour devenir un jour source de création.
C’est parfois simplement un mot, une phrase, une expression… une découverte au détour d’un chemin, qui donne naissance aux prémices d’une œuvre.
Au-delà d’une locution dont je joue ou d’un objet que j’imprime, ce peut être aussi une personne ou son souvenir, la mémoire d’un artiste ou d’une de ses œuvres qui vient nourrir mon travail.
Une tentative de rendre un hommage.
De l’ordre de l’intime ou de l’histoire collective, une âme commence à poindre. J’en déroule délicatement le fil avec une douce émotion – de peur de le briser – jusqu’à ce qu’il devienne le fil rouge de ma pensée.
Ce sont ces rencontres, fortuites ou dirigées, qui sont l’essence même de mon travail.
Éric FOURMESTRAUX est né en 1963. Il vit et travaille à Paris et dans le Pays de Bray.
- Artiste visuel, co-président de Graver Maintenant et membre des conseils d’administration de la JGC Gravure contemporaine, du CNFAP et de l’ex-association des amis d’Alfred-Georges Regner (aaAGR) expose très régulièrement en France et à l’étranger, et participe à des commissariats d’exposition
- Designer mobilier, architecte d’intérieur pendant vingt ans
- Professeur d’arts plastiques de la Ville de Paris depuis sept. 2007
- Ateliers enfants à la Fondation Cartier pour l’art contemporain de 2008 à 2014
- Élevé en plein air et à l’ammoniaque, Eric Fourmestraux, né en 1963, commence, dès son plus jeune âge, ses premiers tirages de plans au cabinet d’architecture paternel. Il découvre, à l’École des Arts Décoratifs de Paris, la gravure, initié par Jean Clerté, puis l’urinoir de Marcel Duchamp et réalise qu’il était tombé dedans étant enfant ! Mais il finit par être…architecte d’intérieur et designer mobilier.
- C’est sur le tard qu’il se réapproprie la technique grâce à Alain Cazalis. Ses gravures deviennent la prolongation naturelle et évidente de sa démarche sur l’empreinte commencée dans son travail de dessin. L’empreinte d’objets se fait ici dans la matière même ou dans sa représentation, jouant avec la nature de la plaque. L’acide devient le révélateur des choses ou des êtres qui s’y dessinent. L’encre se met parfois même en retrait pour n’être qu’embossage. La trace, à dessein, est de l’ordre de la mémoire, à défaut de dessiner quelque chose “de mémoire”. Le temps y est marqué par la volonté de le savourer.