L’exposition instants T poursuit l’un des projets de l’association Graver Maintenant : établir des liens entre des graveur.e.s de différentes nationalités, promouvoir des rencontres autour de l’estampe, poser une question qui est une invitation à la création1.
Instants T est un projet qui a engagé la participation d’artistes provenant des quatre régions linguistiques de la Suisse (alémanique, romande, italienne, romanche) et des « quatre coins » de la France.
À l’origine, nous avons eu l’envie de présenter des œuvres autrement. Nous avons conçu l’appel à participation autour d’une idée simple : le désir de voir chaque gravure d’un format imposé
accompagnée lors de l’accrochage, par des éléments choisis, deux témoignages autour de la conception et de la réalisation de l’estampe. C’est ce que nous avons nommé les instants T.
La question du temps, que nous entendons dans son acception la plus large, temps social, temps ressenti, temps filant, est interrogée à la fois comme thématique et comme paramètre du travail de gravure. Comment convoquer le traitement du temps en favorisant une réflexion sur la pratique de l’estampe elle-même ? Quelles sont les étapes décisives dans l’élaboration d’une estampe ? Peut-on prélever des fragments, des traces tangibles au cours d’un tel cheminement ?
Nous partageons la conviction que le plaisir peut se savourer à de très nombreuses occasions tout au long de la réalisation d’une œuvre. Ainsi avons-nous voulu une exposition donnant au public accès à l’estampe finale arrêtée par l’artiste, présentée avec deux moments du temps de la création.
Sans a priori, nous avons imaginé que ces extraits choisis dans les processus individuels pouvaient prendre toutes sortes de formes : des dessins, des carnets, des photographies, des états, des objets, des textes…, devenant parties prenantes de l’œuvre elle-même.
Ces instants T, nous les envisageons comme des manifestes : témoins de la fabrique de l’estampe, ils invitent chaque artiste à faire retour sur son artisanat, à offrir un aperçu du temps de l’atelier et de tous les lieux où s’imaginent nos traductions du monde.
Ici, la question du temps est celle des instants de leur fabrique -anticipés, préparés, spontanés, aléatoires, évolutifs-, elle occupe toute l’exposition. C’est là, dans ces distances, que nous souhaitons offrir un regard sur la pratique de l’estampe.
Florence Bonhivers, Marie-Claude Gardel, Aline Ternon
Commissaires de l’exposition
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1 – Citons comme exemples les trois dernières expositions collectives réunissant des artistes brésiliens et français pour réaliser Synchronie invisible (2019), des artistes espagnols et français pour penser Signes et langage (2021) ou plus récemment des artistes belges et français pour échanger au sein de la même œuvre, Épicer les vol