Estampe numérique ?

Depuis l’exposition à thème « En marge » de 2001, Graver Maintenant, accepte explicitement dans le règlement de ses expositions, outre les techniques traditionnelles de l’estampe, les techniques contemporaines. Parmi celles-ci, les techniques numériques bouleversent les cadres conceptuels et pratiques de l’estampe. Leur usage suscite alors interrogations et débats. Peut-on encore parler d’estampe avec les « nouvelles images » qu’elles produisent ?

L’art de l’estampe, au cours de sa longue histoire, a été confronté à de telles mutations technologiques. Cet art s’en est toujours enrichi. En est-il de même avec les techniques numériques ? Ce forum a donc pour but d’ouvrir ce débat et de confronter les points de vue.

En guise d’introduction au forum

Pour bien préciser l’enjeu d’une telle interrogation : «Estampe numérique ?», on se reportera avec profit à la lecture du dossier que Graver Maintenant avait publié dans “Graver Maintenant – Les Nouvelles” n° 46 de mars 2003 que l’on trouvera téléchargeable, au format PDF, ci-dessous.

Les contributions sont classées par ordre chronologique (de la plus ancienne à la plus récente).

Bonne lecture et merci de votre participation à ce forum.

Et maintenant à vos claviers

Merci d’avance de votre contribution.

Graver Maintenant.

NB : Les contributions seront publiées en ligne par les administrateurs du site si elles restent dans les limites de la courtoisie. ATTENTION : ne pas omettre d’indiquer dans votre courriel : vos Prénom et Nom et votre adresse e-mail (courriel). LES MESSAGES ANONYMES NE SERONT PAS PUBLIÉS !

Qu’est-ce que l’estampe ?

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Une première contribution

par Jean-Louis Marti

J’ai visité votre site avec beaucoup d’intérêt et, ayant pris
connaissance du règlement
concernant le salon 2007, bon nombre de questions me viennent à
l’esprit. Mais, toutes
concourent en fait à obtenir une image plus claire de l’estampe
numérique.

Dans ce règlement vous acceptez « toutes les techniques de l’estampe, y
compris l’image numérique ».

Pourriez-vous définir plus avant votre vision de l’estampe numérique ?

Qu’admet-on communément comme estampe numérique ?

S’agit-il d’un dessin numérisé, d’une image photographique, d’une
gravure sur support transparent encrée puis numérisée,
d’un dessin réalisé sur palette graphique ?

Sur de nombreux sites, la gravure traditionnelle et la gravure
informatique suscitent de nombreuses polémiques,
mais je n’ai pas encore trouvé de définition précise sur l’estampe
numérique.

Sur certains sites anglo-saxons, il existe bien un distingo entre le
digital print ( estampe numérique ?) et l’inkjet print.
Mais qu’en est-il du travail préparatoire, permettant d’arriver à
l’impression définitive.

Pour les photographes, une oeuvre originale peut-être considérée comme
telle si seulement 30 exemplaires maximum sont numérotées et signées.
Pour la gravure traditionnelle, hormis la limite liée à l’usure du
support gravé, qu’elle est la quantité maximale communément admise ?
Quid de l’image numérique ?

Cordialement

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Outils de création

par Jean-Marc Paubel

Mon apport sera plutôt un témoignage qu’un argumentaire construit sur le sujet. Je travaille sur la création d’images numériques depuis quatre ans maintenant. Mon premier souci a été d’approprier les outils et les plier à ma necessité créative. Le travail d’exploration des outils de création numérique m’a apporté énormément… et surtout dans mes pratiques traditionelles, peinture, sculpture (cette assertion étonne toujours).

A un moment, il a fallu nommer ce procédé et publier sous une forme ou une autre ces images. Ayant une expérience de la gravure et un attachement particulier à l’estampe, au sens le plus large possible, je me suis attelé à un report sur papier de mes oeuvres. Quelques recherches sur le net m’ont appris que des noms avaient été donnés à cette approche dont un revenait souvent « estampe numérique ». Bien que peu passionné par cet adjectif incontournable pour l’instant pour tout ce qui transite à un moment par un ordinateur, j’ai retenu ce nom, bien que cela me semble relativement accessoire, en fait.

Je crée des images ex-nihilo, en rien assimilables au geste photographique, composées de couches d’images et de textures multiples. J’utilise beaucoup les ressources des calques de photoshop et les modes de fusion. J’assimile ces oeuvres à des matrices virtuelles qui sont crées dans l’optique d’une impression (imprimante graphique EPSON 2100 encre pigmentaire et papier Arches 240g).

Tant le soin apporté à l’élaboration de l’image que la préparation de la matrice (en général l’équivalent d’une journée pour préparer le fichier à l’impression et régler finement l’impression)puis l’aspect artisanal de l’impression haute définition sur papier haute qualité (vingt minutes pour imprimer une image en A3) me rappellent étrangement l’état d’esprit de l’artiste graveur (je tire actuellement une EA et une épreuve unique).

En guise de conclusion : je ne peux dire si l’estampe « numérique » est ou sera un jour intégré dans la famille de l’estampe, ni si elle représentera un axe important de la création mais je pense que pour un artiste elle est une opportunité d’expérimenter de nouveaux outils et de créer de nouvelles images sans forcément renier une tradition de l’image originale reportée sur papier au moyen d’un procédé mécanique, l’estampe quoi !

http://jmpaubel.over-blog.com/article-5559786.html

Offset ou numérique ?

par Jeanne Celle

bonjour j’ai acquis des reproductions d’estampes japonaises par la technique numérique (technique du GICLEE)sur papier aquarelle épais, si elle n’est pas aussi parfaite qu’une estampe traditionnelle par le velouté, elle possède en tous cas de bonne qualités graphiques (finesse du trait fidèle à l’original et beaux coloris y compris dans certains dégradés) Je pense qu’il s’agit d’une technique d’avenir et certaines reproductions d’artistes actuels peuvent très bien être signées ou numérotées comme les lithos ce qui en limite bien sûr le diffusion contrairement à l’impression en OFFSET.

L’estampe, des estampes et un adjectif « numérique »

par Eric Plancke

Ma contribution étant enregistrée en un fichier Pdf en raison de notes, de citations, celle-ci ne peut être jointe au présent forum de discussion. Ma contribution est toutefois accessible au lien indiqué ci-dessous.

Cette contribution se compose de deux parties. Une première partie présente les différentes définitions de l’estampe au cours des deux derniers siècles. Cette présentation me semble nécessaire, instructive. Le concept d’estampe originale tend en effet, aujourd’hui, à masquer des définitions.

Une seconde partie indique ce pour quoi la locution une estampe numérique peut être à l’origine de heurts, d’incompréhensions. Et, cette seconde partie présente en un second lieu une définition de l’estampe, actualisée, et tenant compte des erreurs ou des exceptions créées par les précédentes définitions.

PS : Pour faciliter la lecture de ce document et me faciliter son écriture, ma contribution a été divisée en deux livraisons. Chaque livraison correspond à une partie.

http://mopseric.free.fr/portailsiteestampe.html

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Estampe analogique et numérique

par Claude Bureau

L’apparition de nouvelles techniques dans l’histoire de l’humanité a toujours bouleversé les échanges entre les hommes. L’art et sa diffusion n’échappent pas à cette loi. Walter Benjamin dans son essai intitulé : « L’œuvre d’art à l’époque de sa reproduction mécanisée », publié en 1936, a analysé avec ampleur les conséquences de tels bouleversements sur le statut des œuvres d’art. S’agissant des images, cette longue citation de son ouvrage éclairera le thème de ce propos.

« …Il est du principe de l’œuvre d’art d’avoir toujours été reproductible. Ce que des hommes avaient fait, d’autres pouvaient toujours le refaire. Ainsi, la réplique fut pratiquée par les maîtres pour la diffusion de leurs œuvres, la copie par les élèves dans l’apprentissage du métier, enfin le faux par des tiers avides de gain. Par rapport à ces procédés, la reproduction mécanisée de l’œuvre d’art représente quelque chose de nouveau. Elle s’élabore de manière intermittente à travers l’histoire, par poussées entre de longs intervalles, mais avec une accélération croissante. Les Grecs anciens ne connaissaient que deux procédés techniques pour reproduire les œuvres d’art : la fonte et l’estampage. Les bronzes, les céramiques modelées et les médailles étaient les seuls œuvres d’art qu’ils pouvaient reproduire en quantité. Avec la gravure sur bois, le dessin fut pour la première fois mécaniquement reproductible et il le fut longtemps avant que l’écriture ne le devînt par l’imprimerie. Les formidables changements que l’imprimerie, reproduction mécanisée de l’écriture, a provoqués dans la littérature, sont suffisamment connus. Mais l’imprimerie ne représente qu’une étape particulière, d’une portée sans doute considérable, du processus que nous analysons ici sur le plan de l’histoire universelle. La gravure sur bois du Moyen-Âge a été suivie par la gravure au burin et l’eau-forte, puis, au début du XIXe siècle, par la lithographie.

Avec la lithographie, la technique de reproduction atteint un plan essentiellement nouveau. Ce procédé est beaucoup plus immédiat. Le dessin sur une pierre, plus direct que son incision sur un bloc de bois ou sur une planche de cuivre, permit, dans un premier temps, à l’art graphique d’écouler sur le marché des reproductions, non seulement en grand nombre mais aussi sous forme de créations toujours renouvelées. Grâce à la lithographie, le dessin fut à même d’illustrer la vie quotidienne. Il commença à aller de pair avec l’imprimé. Mais, la lithographie en était encore à ses débuts, quand elle se vit dépassée à son tour, quelques dizaines d’années après son invention, par celle de la photographie. Pour la première fois dans les procédés reproductifs de l’image, grâce à la photographie, la main se trouvait libérée des obligations artistiques les plus importantes qui incombaient désormais à l’œil seul regardant au travers des lentilles de l’objectif photographique. Et, comme l’œil perçoit plus rapidement que ne peut dessiner la main, le procédé de la reproduction de l’image se trouva accéléré à un point tel qu’il put aller de pair avec la parole. Un opérateur de film cinématographique capte dans un studio les images aussi vite que la parole. De même que la lithographie contenait virtuellement le journal illustré ainsi la photographie impliquait le film sonore. La reproduction mécanisée des sons fut amorcée à la fin du siècle dernier, cette convergence du son et de l’image était prévisible, ainsi que l’a remarquée Paul Valéry : « Comme le gaz, l’eau et l’électricité pénètrent nos demeures pour répondre à nos besoins avec le minimum d’efforts à accomplir, nous serons aussi desservis par des images sonores qui apparaîtront et disparaîtront d’un simple mouvement de la main. »

Vers 1900, la reproduction mécanisée avait atteint un tel niveau que non seulement elle pouvait reproduire toutes les œuvres d’art du passé mais avoir aussi un profond impact sur la perception de celles-ci par un plus large public. Elle tendait à transformer en eux-même les procédés artistiques et conquérait, en tant que telle, une place parmi ceux-ci… « 

Pour poursuivre cette description, on pourrait ajouter que, depuis, la reproduction des images s’est adjointe comme nouveaux procédés la sérigraphie et maintenant l’estampe numérique ou informatique. La poursuite de cette évolution ne remet pas en cause l’analyse développée dans cet essai par Walter Benjamin. Au contraire, elle la confirme et la conforte.

Une évolution irrésistible et irréversible

En revanche, peu après la seconde guerre mondiale, au mitan du XX° siècle, les techniques traditionnelles de l’estampe ont perdu toute utilité et fonction économique, hormis la sérigraphie, dans la reproduction en masse des images-œuvres d’art. Continuant un mouvement amorcé à la fin du XIX° siècle, l’art de l’estampe s’est revendiqué comme producteur d’œuvres d’art en elles-même et non plus comme reproducteur de celles-ci. Cette prétention au statut d’œuvres d’art en soi de l’estampe a par ailleurs engendré de délicates questions quant à la notion d’authenticité, étudiée plus avant dans l’essai de Walter Benjamin et dont l’examen rigoureux éloignerait du sujet principal de ce forum : l’estampe numérique.

Si l’on considère l’art de l’estampe comme la capacité de l’imagination humaine à produire grâce à la main (ou à des manipulations volontaires) des images multipliées et reproductibles, alors tous les moyens techniques que l’humanité peut ou pourra inventer pour cela s’intègrent dans l’art de l’estampe. Que cette intégration se fasse avec lenteur ou avec réticences, comme ce fût le cas pour la lithographie ou la sérigraphie et comme c’est le cas aujourd’hui pour les procédés numériques ou informatiques, ne change rien à l’affaire. Les procédés numériques ou informatiques sont un avatar technique de plus dans cette longue évolution générale. Elle est et sera irrésistible et irréversible.

L’estampe n’est pas une photographie

Bien évidemment, la photographie, à cause de son procédé intrinsèquement objectif, comme le souligne Walter Benjamin, n’est pas entrée dans la lignée de l’art de l’estampe. Elle a suivi un chemin autonome et cela pour deux raisons supplémentaires. D’une part, parce que les photographes, quels qu’ils soient, même si, par ailleurs, certains d’entre eux peuvent pratiquer l’art de l’estampe, ne se reconnaissent pas comme estampiers et, d’autre part, parce que le public, qui pratique « en amateur » la photographie dans tous les âges de la vie, sait parfaitement ce qu’est une image photographique. En revanche, dans l’esprit du public règne, pour toutes les autres images, une grande confusion. Le public a souvent bien du mal à différencier une estampe d’un dessin, voire d’une peinture. Pour lui, l’image photographique possède une existence patente alors que toutes les autres images ne se particularisent guère entre elles, hormis celles qui sont animées et sonores.

La dématérialisation de l’estampe

L’essentiel des objections contemporaines à l’introduction des procédés numériques ou informatiques dans l’art de l’estampe s’induisent sur le fait troublant que, dans tous ces procédés, la matrice et le support de l’image sont virtuels et évanescents, dématérialisés en quelque sorte. Jusqu’il y a peu, et au moins jusqu’à la sérigraphie, l’estampe possédait une matérialité affirmée dans sa matrice faite de bois, de métal, de pierre ou de soie et dans son image qui s’incarnait, grâce aux pigments, sur un support corporel sous les espèces du papier ou de toute autre matière souple. L’estampe numérique a perdu ces enveloppes corporelles. Sa matière s’est réduite à une matrice, au sens mathématique du terme, composée de signes abstraits. En outre, cette matrice n’a plus vocation à un seul mariage de chair avec son image car elle peut s’appliquer sur de multiples supports : du traditionnel papier à la photophorie virtuelle d’un écran numérique.

L’estampe numérique ?… Quelles vertus ?

Dernière question et non des moindres : l’art de l’estampe perdure en tant que producteur d’œuvres d’art en soi, authentiques et originales, car les estampiers, artistes à part entière, savent user des vertus expressives propres à chaque procédé traditionnel de l’estampe et de la gravure. Ces vertus expressives gisent tant dans la création de la matrice que dans l’art d’imprimer l’image sur son support.

Dans ces deux domaines, les vertus expressives de l’estampe numérique, comme image fixe et muette, restent encore à prouver. Sur « l’écran noir de nos nuits blanches », elles apparaissent bien minces et quand elles s’incarnent sur un support traditionnel comme le papier, elles n’ont pas ce soyeux qui sied si bien aux beaux tirages sur vélin d’art.

Toutefois, cette absence de vertus expressives particulières à l’estampe numérique ne saurait la condamner à l’excommunication. Cette absence apparente ou momentanée est, peut-être, le fait de la jeunesse de ces procédés. Peut-être, est-elle tout simplement dû au fait que l’estampe numérique n’a pas encore trouvé ses génies artistiques, tels les Dürer, les Callot, les Rembrandt ou les Toulouse-Lautrec. Ces derniers et bien d’autres encore ont donné aux estampes traditionnelles leur « aura » et leur valeur artistique intrinsèque. Peut-être que l’estampe numérique les attendra-t-elle longtemps encore ? L’avenir de la vie artistique tranchera bien plus sûrement cette question que toutes les polémiques engagées à son sujet qui visent, peu ou prou, à l’excommunier du monde de l’estampe et à décourager ceux qui s’y aventurent. Une telle excommunication aurait pour conséquence de couper l’art de l’estampe des nouvelles générations qui s’intéressent vivement et à l’estampe traditionnelle et à l’estampe numérique. L’optimisme conseillerait de leur laisser portes ouvertes et de laisser le soin au temps de faire son œuvre.

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Création directement numérique

par Patrick Chaudesaigues

La fédération nationale de l’estampe écrit : « Une estampe est une oeuvre originale, au même titre que le dessin, la peinture, ou la photographie…, conçue par un artiste et qui peut être imprimée en exemplaires multiples.

Une estampe originale est à la fois unique, dans sa matrice, et multiple dans ses épreuves ».

Aux 4 procédés techniques traditionnels de réalisation de la matrice de l’estampe, décrits par la fédération nationale de l’estampe, s’en ajouterait aujourd’hui un cinquième, qui ne serait autre que le procédé informatique.

Ce « nouveau » procédé technique consisterait à réaliser la matrice numériquement (le fichier) à l’aide de logiciels adéquats à l’expression de l’artiste. La matérialisation d’une estampe suivant ce procédé serait numérique. L’estampe digitale pourrait être ainsi définie spécifiquement au travers de sa matrice réalisée numériquement.

En effet, l’impression numérique étant également utilisée comme moyen de reproduction d’œuvres d’art, il y aurait là comme un possible amalgame entre production et reproduction… entre peinture, reproduction de peinture, peinture numérique et estampe… estampe traditionnelle ou numérique.

Amalgame probablement renforcé par l’incroyable plasticité du médium numérique qui au travers de ses multiples logiciels permet tous les effets possibles et autorise la plupart des écritures et caractéristiques de nombreux médiums traditionnels.

Une vraie « peinture numérique » aux « effets pastel » définie comme étant une lithographie moderne ne manquerait pas de soulever quelques questionnements et inquiétudes sur l’identité de l’œuvre…

Créer une matrice numériquement qui servirait à matérialiser une ou plusieurs œuvres multiples n’aurait, en effet, que peu de rapport avec reproduire une œuvre matière.

C’est ainsi que je définis donc actuellement mon travail numérique destiné à être matérialisé : une matrice réalisée numériquement servant à matérialiser numériquement une œuvre en 1 ou plusieurs exemplaires : l’estampe numérique

Une estampe numérique, définit avant tout par son procédé d’élaboration de matrice et son procédé de matérialisation, serait donc et à ce titre, une estampe à part entière.

Vieille technique et jeune création

par Marcel Poirier

J’ai beaucoup appris de cette présentation par Claude Bureau ; c’est un chemin qui part de loin pour arriver aux nouvelles créations numériques.

C’est certain que, pour les nouveaux arrivants(finissants gradués des universités) dans les domaines de l’art imprimé : il y a la rapidité versus la lenteur de création manuelle et physique. Pour les jeunes, la patience est perdue, ils veulent voir le résultat sans se salir ; donc, le nouveau médium(oridinateur est l’unique outil de création rapide).

Ils peuvent choisir en un clic ou deux , sans gaspiller des encres, des paiers, des outils et des blessures avec les acides, etc…

Ils peuvent faire l’expérience de plusieuurs sujets en même temps et les rayer de leur composition , sans se fatiguer, excepté pour leurs yeux ! L’écran est la matrice et le résultat virtuel ; donc, la présentation voulue peut-être chosie parmi des centaines de compositions.

Je crois que la nouvelle générations sera les grands adeptes de cette technique moderne.

Mais, pour moi, les vielles techniques auront otujours leur charme et leur vérité ! Il y a un grand débat en perpétuité !

Pour nous, les vieux artistes, il faut apprivoiser cew nouveau chemin et comprendre son utilité.

Chaque outil donne une impression différente sur un support, les résultats sont doux ou forts, veloutés ou secs.

Les collectionneurs d’estampes(SCEM) cherchent toujours de vielles gravures , d’artistes renommés et décédés… donc, avant qu’ils collectionnent la nouvelle production( estampe numérique), il y a beaucoup d’eau à couler… L’avenir le dira…

Marcel Poirier, BA, CD2 artiste peintre, estampeur, graveur, lithographe et imprimeur d’art et nouvel adepte du numérique.

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Art digital

par Jacqueline Fischer

La discussion que vous avez ouverte sur les estampes numériques m’intéresse beaucoup.
Je vous dirai d’abord mon expérience.

Je suis venue à cet art par hasard, puisque je suis essentiellement artiste textile. J’utilise pour faire mes « cartons » des moyens classiques papier et crayon tout simplement, mais j’ai très vite intégré les logiciels graphiques à mon travail, pour des raisons pratiques (travaillant pour des revues je dois fournir des schémas techniques « normés »).
Et puis je me suis amusée à travailler et retravailler mes dessins les passant d’un logiciel à l’autre, testant tous les effets et les possibilités qui me venaient à l’esprit, utilisant aussi mes dessins et photos comme pointe de pinceaux, ou fonds.. et plus j’avançais, plus je me rendais compte que c’était proche de ce que je nomme (pardonnez si c’est pompeux) mes « visions intérieures ». J’ai détruit plus de réalisations que je n’en ai gardé, m’imposant de ne jamais céder à la facilité de l’effet en deux clics qu’on va retrouver partout, je n’ai gardé que ce qui pour moi offrait signification, écho ou correspondance.
D’un usage voué au hasard, je suis passée progressivement à quelque chose de plus maîtrisé.
Bien sûr par derrière, il y avait aussi le désir de transformer ensuite en ouvrage textile, parce que c’est mon métier actuel. J’ai travaillé un peu avec un groupe anglais spécialisé dans ce type d’adaptation et j’ai beaucoup appris (mais beaucoup moins qu’il ne me reste encore à apprendre, je l’espère).
et puis il y avait tous ces dessins qui restaient inadaptables ou qui en tant que tels me paraissaient avoir un intérêt qu’on va dire esthétique pour faire simple. je les ai montrés autour de moi à des personnes qui pratiquant des arts traditionnels n’étaient pas sujettes à complaisance. Certaines m’ont conseillé de creuser, et de retravailler, ce que j’ai fait.
Ce qui me gênait, à considérer mes productions comme étant des oeuvres d’art, c’était à la fois la relative rapidité avec laquelle elles sont produites (l’art textile est infiniment plus chronophage d’où on infère que le temps qu’on passe donne valeur à ce qu’on produit, ce qui reste éminemment discutable), d’autre part le fait de travailler avec des effets qui n’impliquaient pas directement le geste (quoique dessiner avec une souris d’ordinateur ne soit pas si facile), en fait le travail est autre et peut requérir parfois beaucoup d’essais, d’expérimentations, de tests avant d’arriver à ce qu’on souhaite. Comme dans beaucoup d’autres arts il y a une part d’instinct (que je ne confonds pas avec le hasard des effets automatiques ) et d’étude, de pratique.
En 2007, j’ai montré quelques résultats sur la galerie d’art virtuelle Arts-up, et j’ai eu la joie d’être au départ d’une nouvelle section pour « estampeurs » numériques qui accueille beaucoup plus professionnel que moi en l’occurrence.
Ce fut l’occasion de réfléchir à ce qu’était l’estampe numérique et d’essayer de la définir.

http://www.arts-up.info/art_digital.htm

http://www.arts-up.info/art_textile_2009/estampes_art_textile_2008.htm

Ce qui me gêne un peu, dans la dénomination c’est le terme d’estampe. Je connais mal l’art des graveurs, mais j’en sais assez pour me rendre compte que c’est quand même une technique autre; il faut bien rattacher ce qu’on nomme aussi « art digital’ à quelque chose de connu , et j’ai trouvé d’ailleurs très généreux à vous de l’accueillir et de lui donner audience. Le point commun semble résider dans l’impression et le tirage, mais les moyens mis en oeuvre pour générer l’image me semblent fondamentalement différents. L’image numérique à mon sens devrait pouvoir aussi être montrée sur écran, sans support. L’art de l’estampeur n’intervient qu’en second lieu quand on décide -ou non- d’imprimer. L’intérêt même de les mettre sur papier se discute.
Il faudrait évidemment concevoir des lieux (si ce n’est déjà fait) où l’on puisse projeter ces images. Cela n’empêche ni l’impression si on le souhaite, ni l’adaptation dans un autre art.

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L’évocation digitale

par Lan Prima

Je ne sais pas à qui m’adresser et où me diriger. Voilà, je ne sais pas
si j’ai créé une technique ou si c’est vieux ou si je suis un couillon.
Voilà comment je présente ma technique.

Définition de la technique de l’évocation digitale :

« Le terme d’évocation était utilisé autrefois dans les milieux ésotéristes et
mystiques et était opposé à «invocation». Étymologiquement, «évocation» vient de ex vocare, par opposition à in vocare.
L’invocation cherchait à «s’approprier» une force, un ressenti, un
vécu sans passer par la conceptualisation. L’évocation avait pour but de
«faire apparaitre visuellement» une entité évoquée. Il s’agissait,
par un travail de nomminatione et de visualisation, de circonscrire un concept pour mieux le comprendre. » (cf. wikipédia).

Je suis parti de cette définition de « l’évocation » pour nommer cette technique. Mon travail jusqu’à présent, étant considéré comme personnel, ce qui est faux, méritait donc une lumière différente mais aussi peut-être plus abstraite. Au lieu de se plonger sans cesse dans l’obscurantisme qui
semble émaner de mes ouvrages, de s’approprier une force, un ressenti, un vécu tout en passant cependant par la conceptualisation (les choses sont couchées sur le papier tout de même), j’évoque le contenu de ces
ouvrages.

Expliquons la technique de manière plus basique :

une fois un dessin terminé et retravaillé à l’ordinateur, celui-ci est imprimé sur un même rhodoïde. L’encre n’y sèche pas (j’utilise une imprimante jet
d’encre A4). Je presse ce rhodoïde sur un papier Arches. Etant donné que
les formats sont souvent plus grands qu’un A4, que j’utilise un même
rhodoïde et que je nettoie peu celui-ci, les changements sont radicaux.
Il faut en plus ajouter le grain du papier qui altère le résultat. Le
spectateur n’aura sous ses yeux qu’une évocation du travail en amont. Il
se fera une idée très vague et très éloignée de l’origine des choses.

Un aperçu devient résultat final. Mais, le procédé tel un développement
photographique se veut aussi révélation pour l’auteur et pour le
spectateur. Le partage y est plus équitable et moins lourd à porter sur
mes frêles épaules (et ceux du spectateur). « L’évocation digitale » est
digitale car manié par le biais de l’ordinateur et d’une pauvre
imprimante. Mais, je pensais aussi à la fleur qui renferme une substance
toxique. Ce procédé semble contenir un poison facile à avaler mais
imprévisible quant à ses effets.

Je vous montre des exemples de mon travail en général ici :

http://lanprima03.blogspot.com

et plus précisément en ce qui concerne cette technique :

Ma question est double ou triple, enfin bref, est-ce que cette technique
existe, comment la faire valoir, etc. ?

à suivre

Bonjour, je fais suite à mes recherches. Après plusieurs tentatives sur « l’évocation digitale », je suis passé à l’impression à l’encre de Chine. A vrai dire, je ne pense pas que cette nouvelle technique soit de la gravure. J’en suis arrivé à ce procédé car je doute de la pérénité de « l’évocation digitale » même en rajoutant par dessus une encre à base de gomme de laque. (En effet, un chimiste m’a expliqué que l’encre des imprimantes à jet d’encre ou laser sont de très mauvaise qualité et cet ajout d’un glacis n’y fera pas grand chose, (sans doute une information à vérifier, mais bon). Il m’explique que le pigment doit déjà se trouver dans l’encre de base et faire parti prenante.

Je passe outre l’idée ou l’explication pour quelle raison cette recherche de pérénité. Simplement que n’importe quel ouvrage à l’encre de Chine ou encre à base de gomme de laque tient au fil des époques.

Le but de la manoeuvre est de contourner ce problème et de pouvoir imprimer directement à l’encre de Chine. Le jet d’encre ne permet pas cela (buses trop petites et ce n’est pas pour rien qu’il y a eu création de la digigraphie). Je ne veux en aucun cas dépendre d’une entreprise externe.

L’imprimante à aiguilles est la solution et permet le travail sur des formats plus grands. Le ruban est imbibé d’encre de Chine tout simplement quitte à torturer la machine (même fonctionnement qu’une machine à écrire). On peut ainsi coudre des bandes de papier entre elles et réassembler pour des formats plus importants. L’aléatoire de la machine crée des choses comme ceci :

impression à l'encre de chine 69x100 cm

Je compte en vendre de ces impressions, j’aimerai avoir des infos, conseils, quand à la faisabilité de la chose, etc.